Publié le 2 mai 2022

A Ibity, situé à 170 km au sud de la capitale, la biodiversité endémique de la savane, parmi lesquelles l’Aloe, le Pachypodium, Hypochoeris, Cynorkis (orchidée), en danger critique (CR) selon la liste rouge de l’Union International pour Conservation de la nature (IUCN), est menacée par la propagation des plantes envahissantes.  Mauvaises herbes et plantules (jeunes plants) de pins concourent à mettre en danger ces espèces endémiques. Les uns prolifèrent grâce à une terre fertile, les autres sous l’action du vent. Misssouri Botanical Garden (MBG), gestionnaire de l’aire protégée, a opté pour une méthode assez disruptive pour lutter contre les plantes envahissantes : le feu.

 

Pour mieux comprendre l’approche, considérons ces informations préalables sur le feu :

  1. Souvent, d’origine humaine, les feux peuvent être aussi d’origine naturelle. A Ibity, les foudres provoquent naturellement des feux de brousse en période de pluie (environ 5 fois dans l’année) ;
  2. Les feux contribuent à la germination de certaines graines. Sur ce principe reposent culture-sur-brulis et feux de pâturages qui expliquent la déforestation du pays. Ainsi, avant la saison des pluies (novembre à avril) les terres sont brûlées, pour favoriser l’apparition de jeunes pousses ;
  3. Le vent et la sècheresse de la végétation favorisent la propagation des feux.

L’aire protégée a opté pour la méthode des feux précoces en tirant parti de ces caractéristiques des feux. Concrètement, à la fin de la saison de pluies et début saison sèche, lorsque la température commence à baisser, que le vent n’est pas encore très fort, et que l’herbe est encore humide (humidité de la biomasse), les conditions sont favorables pour éviter la propagation incontrôlée des feux. La savane est alors brûlée avec maitrise. Résultat : les plantules de pins et la mauvaise herbe arrêtent leur croissance, les espèces autochtones sont préservées. Par ailleurs, les feux encouragent la dormance de Tapia (espèces pyrophytes), distinctif d’Ibity, qui peuvent se régénérer naturellement. Enfin, ces feux précoces protègent également contre les feux tardifs (mois d’octobre) qui entraînent les plus de dégâts, car ils préviennent contre l’accumulation de la biomasse qui facilite la combustion.

 

Il ne s’agit pas ici d’encourager les feux, mais de comprendre que pour le cas d’Ibity (savane) le zéro-feu n’est pas une situation idéale, et les feux trop fréquents non plus. Par conséquent, un équilibre est à chercher afin que la biodiversité soit protégée et que l’aire protégée continue à fournir les services écosystémiques aux populations environnantes. Ibity fournit de l’eau potable pour les villages et assure l’irrigation des rizières, grâce à ses forêts.

 

Une partie du financement de la FAPBM est dédiée à la lutte contre les plantes envahissantes dans les aires protégées bénéficiaires. Si les menaces prévisibles sont financées dans le cadre des subventions annuelles, celles imprévisibles peuvent faire l’objet d’une demande de fonds d’urgence, qui est ouvert à toutes les aires protégées (à statut définitif ou même temporaire).