Publié le 30 août 2022

La fin de la saison sèche à Madagascar est de mauvais augure pour nos aires protégées, car celle-ci annonce la hausse des feux. Les gestionnaires des aires protégées doivent faire preuve de créativité tous les ans pour prévenir et maîtriser les feux. A Beanka, BCM, le gestionnaire a expérimenté depuis 2017, la méthode des pare-feux verts. Direction à l’ouest de Madagascar, dans la province de Mahajanga, région Melaky.

 

L’aire protégée de Beanka est régulièrement victime de la propagation de feux sauvages provoqués en grande partie par les dahalo (grand banditissme) pour masquer leurs traces et celui des zébus afin de retarder leurs poursuivants. Ces feux, s’étendant dans l’aire protégée, menacent la couverture des forêt dense humide semi-décidue, de la forêt dense sèche, et des fourrés bas. Ce paysage particulier compte parmi les cibles de conservation, car il constitue un habitat pour des espèces pollinisatrices (notamment les abeilles) et un réservoir de plants médicinales pour les communautés. La forêt conserve des kilomètres de plan d’eau sous-terrain. L’aire protégée est parcourue par 2 grandes rivières et constitue ainsi un immense réservoir d’eau qui alimente les champs de culture jusque dans les vastes plaines de Maintirano.

 

Périodiquement, les zones brûlées sont restaurées, mais il est devenu primordial de trouver une solution durable. Le pare-feu traditionnel, qui consiste à laisser une bande de terre nue, nécessite des entretiens réguliers, travaux fastidieux au regard de la surface considérable de l’aire protégée, 17 000 ha. D’autant plus que la texture rocailleuse du sol et la présence d’une plante (Mucuna pruriens) envahissante provoque une réaction urticante insupportable quand les épines microscopiques de la gousse sont en contact avec la peau.

 

Le gestionnaire a ainsi entamé une réflexion pour améliorer l’efficacité du pare-feu. Avec l’appui technique de son partenaire à Maurice (Ebony Forest), ils ont commencé à expérimenter le pare feu-vert sur quelques kilomètres en mobilisant des communautés locales. Pour ce faire, ils ont mis en terre des pieds de tamariniers âgés de 4 à 6 mois (20 cm de hauteur) le long du pare-feu traditionnel. La mis en plant a été procédée à intervalle de 2,5 m chacune en période de pluie. Dans le futur, la tombée des feuillages empêchera la repousse des herbes et maintiendra le pare-feu propre. Le choix du tamarinier répondra également à l’objectif d’enrichir les variétés de miel à produire. Lorsque les tamariniers seront bien grands, le pare-feu sera naturellement entretenu.

 

Toutefois, des études supplémentaires restent nécessaires au vu des quelques difficultés rencontrées : les tamariniers prennent du temps pour grandir (10 ans pour atteindre la taille optimale) et obtenir un feuillage réellement fourni, qui limitera l’évapotranspiration du sol. La croissance de leurs racines requiert une protection de la chaleur du soleil et nécessite paradoxalement la proximité des herbes.

 

Pour en savoir plus sur le pare-feu vert : Radosoa Andrianaivoarivelo, Chercheur en biologie, Beanka aniainodna@yahoo.fr