Reverdir Madagascar, tel est défi que se sont donnés les gouvernements, soulignant leur volonté de restaurer les forêts perdues. Mais tout aussi important est la conservation des forêts naturelles restantes. Allons donc à la rencontre des premières forêts de Madagascar.
Les milles et unes forêts de Madagascar
Avec 587.040 km² de superficie, Madagascar se classe parmi les cinq plus grandes îles du monde. L’étendue de sa surface, couvrant 14 degrés de latitude, en explique la diversité de ses climats. En résulte une variété d’écosystèmes forestiers.
Les forêts humides : Elles sont présentes le long de la côte Est de Madagascar, les forêts humides s’étendent de Marojejy (Région Sava, Nord de Madagascar) de à Andohahela (Région Anosy, Sud de Madagascar). Composées d’une biodiversité endémique des forêts humides en altitude, la plupart font partie des aires protégées terrestres les plus connues de l’île. Les forêts Humides de l’Est sont d’ailleurs classées comme Patrimoine Mondiale par l’UNESCO.
Les forêts sèches : La plupart des forêts de l’ouest et du sud de Madagascar sont des forêts denses sèches qui perdent leurs feuilles selon les saisons ou « caducifoliées ».
Les fourrés secs épineux : Au sud-ouest de Madagascar, les grandes variations géologiques vont des plateaux calcaires aux montagnes. Tandis que les formations volcaniques, qui s’étendent du fleuve Mangoky au sud-ouest jusqu’aux montagnes au sud-est, ont couvert la région de forêts épineuses. Elles sont une source d’eau pour beaucoup d’espèces grâce à leur capacité à retenir l’eau, particulièrement en saison de sèche.
- Les forêts claires sclérophylles : La forêt sclérophylle assure la transition avec les régions moins élevées de type forêt subhumide et abritent principalement de nombreuses mousses, lichens et épiphytes.
Les forêts littorales : La forêt littorale orientale correspond biogéographiquement aux sites proches du niveau de la mer sur le sable dans la région bioclimatique humide de Madagascar.
Les forêts de mangroves : 2% de la réserve mondiale de mangroves et 20% des réserves africaines se trouvent à Madagascar, soit près de 236 400 ha. Madagascar possède la deuxième plus grande étendue de mangroves de l’Océan Indien. Elles se développent entre la mer, les côtes et les fleuves. Elles diminuent l’impact des tempêtes et protègent le littoral. Les mangroves sont des zones très productives pour la pêche de crabes, de crevettes et de poissons. Les menaces pour ces forêts sont la conversion en rizières, le charbonnage et la coupe illicite.
Protéger les forêts de Madagascar à travers le financement des aires protégées
A Madagascar, le taux de déforestation annuel a progressivement augmenté, atteignant jusqu’à 99 000 ha/an entre 2010 et 2014. Fin 2017, le pays avait déjà perdu plus de la moitié de ses forêts restantes et risque d’en perdre la totalité dans le prochain demi-siècle.
La stratégie de protection des forêts, autres habitats naturels qui abritent une biodiversité endémique exceptionnelle, repose depuis longtemps sur la création d’aires protégées (AP), gérés par des experts de la conservation. Aujourd’hui, l’île compte 123 AP totalisant plus de 7 millions d’hectares (environ 10% du territoire national) au sein du Réseau des AP de Madagascar (SAPM). Elles sont gérées soit par Madagascar National Parks, rattaché au Ministère en charge de l’environnement, soit par des organisations non gouvernementales ou des institutions de recherche en conformité avec les catégories de gouvernance de l’UICN et le code national des AP (Loi 2015-005 du 22 janvier 2005).
Malgré le fait que ces AP soient financées par de nombreuses organisations, dont la FAPBM, un gap de financement existe encore aujourd’hui. Selon une étude menée par la FAPBM en 2021, les 129 AP nécessiteraient un budget annuel moyen de 42 à 70 millions de dollars US, soit le double du budget actuellement disponible (25 à 30 millions de dollars US par an). Ce déficit de financement est une cause majeure de la perte progressive de la biodiversité à Madagascar qui menace l’équilibre écologique, la sécurité alimentaire, l’économie des communautés et des ménages et, par ricochet, la sécurité sociale. Pour combler ce manque, les membres de la Coalition pour les Aires Protégées de Madagascar militent pour obtenir davantage de moyens pour la protection des forêts et souligne l’urgence de la situation.