TRANSCRIPTION AUDIO DE L’EMISSION ECO NATURE DU 17 AOUT 2023
Générique de début : < Eco Nature, une émission produite par la RVS, pour parler de l’écologie, de la nature, de l’écosystème qui sont liés à l’environnement. Eco Nature avec Ony Rasolomalala >
Ony (O) : Bonjour et bienvenu dans l’émission Eco Nature avec Ony Rasolomalala à la présentation. Et comme on vous l’a annoncé tout à l’heure, on va parler de l’écosystème, de l’écologie, de la nature et l’environnement. Comme à chaque émission nous avons un invité et pour parler d’un thème bien précis. Pour aujourd’hui, on a Roda OPERMAN, Responsable Communication de la Fondation pour les aires protégées et la biodiversité de Madagascar comme invité. Bonjour Madame Roda.
Roda (R) : Bonjour Madame Ony Rasolomalala, merci pour l’invitation, je suis très contente d’être avec vous aujourd’hui.
O : En fait ma toute première question : c’est quoi une aire protégée ?
R : une aire protégée en fait c’est un territoire délimité, terrestre ou aquatique qui possède une importante valeur biologique ou économique. Je vais essayer de simplifier un peu cette définition. En gros pour définir qu’un lieu peut être potentiellement une aire protégée, qu’un lieu doit être protégée, c’est que déjà il faut qu’il y ait une richesse de biodiversité sur ce lieu là. Par exemple, il y a une espèce endémique, par exemple aussi il y a un paysage unique c’est le cas par exemple de l’Isalo, ou un lieu où il y a des lémuriens, donc c’est le cas par exemple du parc d’Andasibe. Mais le lieu peut avoir une importance culturelle pour les malgaches donc je parlais tout à l’heure de l’Isalo qui est aussi un tombeau pour les Bara donc elle mérite aussi d’être protégé. Il y a beaucoup d’aires protégées qui hébergent des forêts sacrées aussi. Et un troisième critère qui est aussi très très important c’est que le lieu peut aussi être le gardien d’un capital naturel ou d’une ressource naturelle importante pour l’économie locale, nationale ou régionale donc clairement par exemple si le lieu a une source d’eau qui alimente en fait toutes les communautés aux alentours ou si le lieu possède un lac qui est primordial pour les activités agricoles régionales ou locales, ce lieu là peut devenir une aire protégée.
O : D’accord, et si on parle du cas de Madagascar, combien d’aires protégées dispose Madagascar et combien y a-t-il de catégories d’aires protégées aussi ?
R : Madagascar a en gros, en ce moment donc 125 aires protégées qui fait ce qu’on appelle le système des aires protégées de Madagascar ou SAPM. A coté de ces 125 aires protégées, qui on va dire appartiennent à l’Etat, il y a aussi d’autres, un peu d’une dizaine d’aires protégées qui un statut provisoire donc potentiel et qui eux aussi appartiennent à l’Etat et qui sont en cours de création. Mis à part donc les aires protégées qui font partie du SAPM, qui je répète, on va dire appartiennent à l’Etat, il y a aussi des aires protégées privées et les aires protégées communautaires. Je n’ai pas le chiffre au total mais pour les 125 aires protégées officielles, cela représente à peu près 10% de notre territoire pour 7.000.000 Ha. Pour la deuxième question, alors il y a combien de catégorie d’aire protégée, il y en a 6. En catégorie I, le premier extrême, c’est des aires protégées, des réserves intégrales. Pratiquement elles sont destinées à la recherche et on n’a pas le droit d’entrer dedans. Et en catégorie II, III vous avez plûtot les parcs nationaux , qui ont des ressources stratégiques dedans, on peut faire du tourisme à l’intérieur mais on ne peut pas vraiment utiliser les ressources qui sont à l’intérieur parce que cela a une importance pour tout le monde par exemple l’eau, etc. Et puis on a les catégories V et VI où c’est plûtot, on va dire que l’utilisation est beaucoup plus libre mais il faut que cela soit durable bien sur. Donc dans ces aires protégées là, il y a une partie qu’on va appeler noyau dur et une partie autour, on va dire zone d’utilisation durable où il y a des communautés qui vivent en fait dans la limite de l’aire protégée.
O : D’accord. On ne peut pas citer toutes les aires protégées qui existent à Madagascar mais est-ce que vous pouvez quand même citer quelques-unes qui sont très connues ?
R : je vais citer les parcs nationaux qui sont les plus connus, il y en 43 mais je vais citer peut-être 2 ou 3. Donc vous connaissez Andasibe qui est à côté, Isalo, Bemaraha, Menabe Antimena, l’allée des Baobabs aussi
O : Ah d’accord
R : ils font partie des plus célèbres mais si vous voulez avoir la liste complète il y a un site qui s’appelle protectedareas.mg, dedans on a la liste complète des 125 aires protégées qui existent à Madagascar. Et sur le site de la FAPBM, il y a aussi la liste les aires protégées qui sont financées par la FAPBM.
O : D’accord. On va parler de menaces maintenant Roda. Quelles sont les menaces des aires protégées à Madagascar.
R : il y a à peu près 3 catégories d’aires protégées à Madagascar, si je les classifie donc je peux les classifier en trois : il y a les aires protégées marines, les aires protégées terrestres et les aires protégées mixtes qui ont à la fois une partie marine et une partie terrestre. Donc les menaces sont différentes donc voilà pourquoi je les ai classifiés en 3. Dans la partie terrestre où il y a essentiellement des forêts, la plus grande menace c’est le feu qui cause les incendies, qui cause en fait une forte déforestation dans ces lieux là et toutes nos ressources sont orientées vers la lutte contre le feu généralement. Au niveau des aires protégées marines, il y a deux grandes menaces : tout ce qui est pratique de pêches non durable donc j’ai inscrit dedans la pêche illicite, tout ce qui est aussi par exemple tout ce qui est utilisation de filet de pêche non règlementaire donc tout ce qui est mauvaise pratique de pêche. La surpêche aussi on peut le mettre dedans. Et la deuxième plus grande menace aussi c’est le changement climatique parce que le réchauffement des océans entraine le blanchissement des récifs coraliens donc ça les détruit or dans ces récifs là il y a une importante biodiversité marine qui y réside, qui y habite. On va dire, le feu pour tout ce qui est forêt, les mauvaises pratiques de pêche et le changement climatique pour la partie marine
O : OK ma prochaine question Roda c’est : quelles sont les actions entreprises par la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar pour protéger bien sur ces aires protégées ?
R : Eh bien, notre principale mission c’est, et ce pourquoi on a été créé, c’est de donner les moyens aux experts et aux communautés locales qui travaillent dans ces aires protégées de protéger la biodiversité qui réside dans ces aires protégées. Donc on a été créé en 2005, pour résoudre la question de la finance durable du réseau des parcs ANGAP à l’époque. Et en 2055 aussi, ou plutôt un peu plus avant, 2003 ou 2004, le Gouvernement malgache s’est engagé à tripler la surface de ces aires protégées terrestres et la question s’est posée de comment on va financer parce qu’aujourd’hui les aires protégées vivent essentiellement de donation et l’inconvénient de ces donations c’est que c’est sur un temps limité sur 5 ans et après il va falloir rechercher d’autres fonds. Donc le gouvernement malgache et deux grandes ONG, WWF et Conservation Internationale ont décidé de créer la FAPBM. La FAPBM est un mécanisme de financement durable. Donc j’explique un peu : on reçoit des dons, et on fait des levées de fonds et au lieu de donner directement ces donations aux gestionnaires des aires protégées , on capitalise ces fonds là dans ce qu’on appelle un fonds de dotation. Donc on investit sur le marché financier, on investit dans les entreprises, on épargne, etc…et l’argent produit des intérêts ou des revenus, et c’est ces revenus là qu’on utilise pour financer les aires protégées. Donc globalement, on ne touche pas au capital, on n’utilise que les intérêts. Et tant que le capital existera, il y aura des intérêts et donc on pourra financer on peut dire ad vita meternam les aires protégées sur Madagascar. Donc notre mission première c’est ça, assurer le financement des aires protégées, on finance 4 types d’activité : le premier c’est le fonctionnement. Donc le financement des aires protégées : on s’assure qu’il y ait une présence physique permanente sur le terrain donc on sécurise les emplois, on paie le salaire des gens qui travaillent dans les aires protégées. Ça c’est la première chose. Et aussi, le fonctionnement parce que les autres bailleurs, généralement les bailleurs ne veulent pas financer du fonctionnement. La deuxième catégorie de dépense, d’activité qu’on finance c’est tout ce qui est activité de conservation. Donc sur le terrain : ils doivent faire des pare-feux, ils doivent faire des patrouilles, ils doivent acheter le matériel aussi pour faire le suivi de la biodiversité qui existe. Donc s’il y a trois lémuriens, est-ce qu’il y a encore 3 lémuriens etc…Après on finance aussi tout ce qui est activité de développement communautaire parce qu’il faut qu’on soutienne aussi les communautés qui peuvent constituer des pressions pour l’aire protégée. Donc on soutien leurs moyens de subsistance : s’il demande par exemple à faire de l’apiculture ou s’il demande à développer la filière tourisme autour de l’aire protégée, on finance aussi ces activités-là. Et enfin, comme on n’a pas vocation à financer 100% du budget des aires protégées, on soutien aussi les activités de pérennisation financière que le gestionnaire souhaite faire. Par exemple, je parlais de tourisme tout à l’heure, il souhaite par exemple créer un éco lodge, on peut aussi soutenir ce genre d’activité.
O : D’accord, très intéressant
R : En 2023, la FAPBM finance 68 sur les 125 aires protégées qui existent à Madagascar qui représente à peu près 5.2 millions d’hectares et on assure à peu près 30% de leur budget annue . Et on est très fier en fait de travailler avec les ONG gestionnaires parce que à notre dernière évaluation, au niveau de la performance, ils sont presque tous 70%. Donc voilà, ce que je voulais dire c’est qu’on a des experts et on est super fier de les soutenir.
O : Nous allons terminer l’émission Roda. On vous rappelle quand même que nous avons comme invité la responsable communication de la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar, c’est Roda Operman. Il y a aussi un concours pour les journalistes concernant la protection de l’environnement, Roda, est-ce que tu peux nous en parler un tout petit peu ?
R : Très bien. Donc la FAPBM a lancé une bourse de reportage pour les journalistes qui s’intitule Médias pour les aires protégées. Je reviens un peu sur la genèse de l’idée. On a 123 aires protégées et plusieurs d’entre elles se trouvent dans des régions enclavées. Dans ces aires protégées là, donc je le disais tout à l’heure il y a deux catégories de personnes qui travaillent dans ces endroits : il y a les experts, c’est des botanistes et des scientifiques et il y a les communautés locales. Ils réalisent beaucoup d’activité sur le terrain pour défendre en fait ces biens communs. Et parce qu’ils se trouvent dans des régions enclavées, on ne voit pas leur travail. Ce qu’on entend c’est que les forêts brulent mais on ne voit pas qui est derrière pour les protéger quand ça ne brûle pas en fait. Quand ces aires protégées, qu’on n’entend pas, par exemple quand Andasibe brûle. Et on voulait en fait à travers cette bourse de reportage donner la voix à ces communautés et à ces experts pour qu’ils partagent leurs expériences, les bonnes pratiques, pourquoi chez eux les forêts ne brulent pas. On voulait aussi donner la visibilité à ces aires protégées qui sont enclavées pour que tout le monde sache qu’est ce qui s’y passe, pourquoi c’est beau, pourquoi il faut y aller, c’est qui les personnes, les visages, les voix en fait derrière ces aires protégées. Et ce qui est important pour nous aussi c’est de donner les moyens aux journalistes pour couvrir les aires protégées parce qu’on n’en parle pas beaucoup, parce qu’il faut voyager, parce que c’est difficile de voyager à Madagascar, parce que les médias sont concentrés sur Antananarivo et dans les grandes villes d’une manière générale. Donc on voulait vraiment donner les moyens aux journalistes de pouvoir raconter ces histoires là et donner beaucoup plus de temps de parole dans les médias à la biodiversité et à la conservation.
O : quels sont les règlements du concours Roda et comment on fait pour postuler ?
R : Donc il y a trois catégories déjà : donc presse écrite qui peut inclure aussi tout ce qui est presse en ligne bien sur mais écrite, ensuite la presse radiophonique c’est-à-dire tout ce qui est émission radio et la presse audiovisuelle. La presse radiophonique peut aussi inclure les podcasts en ligne. On va primer, 6 journalistes, deux pour chaque catégorie pour une bourse de 3.000.000 Ar par journaliste. Et chaque journaliste pour pouvoir postuler en fait doit proposer une idée de reportage possible, il doit le pitcher et donc dire en quoi c’est important, en quoi c’est intéressant, pourquoi le public va s’intéresser à l’histoire qu’il va raconter, enfin en tout car il doit proposer quelque chose. Et dans sa proposition il doit choisir une aire protégée sur les 125 qui existent qu’il souhaite couvrir et nous partager aussi un peu l’angle dans laquelle il souhaite mener son reportage. Sur le site de la FAPBM, donc www.fapbm.org il y a un formulaire à remplir. Les journalistes ont jusqu’au 17 Septembre 2023 à minuit pour nous renvoyer donc le formulaire rempli.
O : il reste encore un mois
R : il reste encore un mois. Alors c’est quoi les critères d’éligibilité ? Les critères d’éligibilité sont : il faut être un journaliste déjà, professionnel mais il n’y a pas de limite d’âge, en tout cas le reportage doit se faire à Madagascar
O : pas forcément à Antananarivo ?
R : Pas forcément à Antananarivo. Justement parce que à Tanà, il n’y a qu’une seule aire protégée je crois. Avoir une bonne maitrise de la langue malgache et/ou française. Les candidatures doivent comme je le disais porter sur une aire protégée précise. Le reportage qu’il souhaite faire doit être diffuser d’ici le 31 octobre donc s’il est primé, il doit s’assurer que le reportage, son investigation donc se fasse entre la date de proclamation des résultats jusqu’au 31 octobre où il doit le diffuser. Le reportage doit être original donc ce n’est pas un reportage que vous avez déjà fait et que vous allez resoumettre, ça doit être un reportage qui n’a pas encore été diffusé sur n’importe quel support. Les candidats doivent aussi être en mesure de démontrer que le projet sera publié ou diffusé donc normalement il doit avoir une lettre d’engagement du rédacteur en chef qui s’engage à diffuser le reportage. Donc parmi les dossiers il faut le formulaire qui est en ligne comme je le disais, un cahier de charge du projet de reportage, le CV et la lettre d’engagement, et aussi une œuvre ou un reportage que le journaliste a déjà fait pour qu’on s’assure que c’est bien un journaliste. Le langage du reportage peut être en malgache ou en français, par contre le dossier de candidature c’est-à-dire le cahier de charge doit être en français parce que dans le jury il y en a une qui est francophone. Donc la subvention je l’ai dit ; la date limite je le répète c’est le 17 septembre 2023 à 23h59, il faut l’envoyer sur mail@fapbm.org et en objet c’est candidature à la bourse de reportage. Je termine avec les critères, donc il y a 6 critères : donc il faut que le sujet soit original et qu’il va bien avec le thème, le style de rédaction, le niveau de langue, le français notamment, la clarté du texte, la concision et la qualité du pitch. Voilà
O : ok, je crois qu’on a fait le tour pour aujourd’hui Roda. Cette émission touche à sa fin ; je te remerci d’avoir accepté d’être l’invité de l’émission Eco Nature pour aujourd’hui.
R : Merci Ony de m’avoir invité, merci aux auditeurs qui nous ont écouté également et à bientôt.
O : Je remercie également notre technicien Rova Rajaonah qui a diffusé l’émission et je vous remercie aussi chers auditeurs d’être toujours à l’écoute de l’onde de la sagesse. Je vous dis au revoir et à bientôt
Générique de fin : < C’était l’Eco Nature, présenté par Ony Rasolomalala >