Les forêts naturelles de Madagascar (humides, sèches ou épineuses) sont essentiellement préservées dans les aires protégées terrestres. Ces structures, gérées par des experts de la Conservation (Madagascar National Parks, et ONG nationales et internationales) mènent le double défi de préserver et restaurer les écosystèmes forestiers naturels, en étroite collaboration avec les communautés locales.
Préserver les forêts du feu pour lutter contre la déforestation
Principale forme de pression, le feu fait l’objet d’un système de gestion dédié au niveau de chaque aire protégée. Le feu dans les aires protégées peut être d’origines multiples : naturelles, intentionnelles, ou conséquente à prolifération incontrôlée. Les aires protégées abritant les forêts sèches, les fourrés secs et les forêts sclérophylles sont les plus exposés aux feux. Les forêts humides sont également touchées par les feux pendant les saisons sèches pour les cultures sur brûlis.
Les expériences des gestionnaires démontrent que les efforts de sécurisation physique des aires protégées, leur présence effective ainsi que la mobilisation communautaire sont cruciales pour l’efficacité d’un système de gestion des feux. En termes de lutte passive, les aires protégées croisent le suivi des points de feux sur terrain avec des images satellites. De nouvelles méthodes d’aménagement de pare-feux, tels que les pare-feux agricoles, peuvent être mises en place et adaptées selon les contextes locaux dans les aires protégées.
L’engagement des communautés riveraines reste la condition sine qua none à l’efficacité de la lutte contre la déforestation. Les gestionnaires des aires protégées de Madagascar commencent à développer un succès dans l’implication des communautés.
Engager les communautés dans la protection
Selon les projections de la FAO, la déforestation à Madagascar se poursuivra entre 1990 et 2050 à son rythme actuel (0,9 % à 1,14 % en dehors des aires protégées au niveau national, sans confinement sanitaire et grandes catastrophes naturelles), particulièrement autour des grands blocs forestiers où la croissance démographique est plus forte. La superficie totale des forêts dépend ainsi de la densité de la population humaine autour de ces forêts, d’après la modélisation de Wright et Muller-Landau (2006).
Dans les aires protégées du Complexe Tsimembo Manambolomaty et Mandrozo (Ouest de Madagascar), Dr Yverlin Pruvot, responsable de site auprès de The Peregrine Fund, a élaboré sur le rôle des communautés, dans laquelle les feux sont liés à des pratiques agro-pastorales. En amont, les communautés sont sensibilisées, et éduquées sur les textes réglementaires. Elles sont impliquées dans le contrôle et la surveillance, le recueil d’informations et la détection (patrouilles communautaires, entretien et nettoyage des zones de reboisement, mise en place et entretien de pare-feux…). En cas d’incendie avéré, elles sont mobilisées pour éteindre le feu.
Parallèlement, les actions de développement économique et social menées par les gestionnaires des aires contribuent à sortir les communautés de leur précarité économique. A Oronjia, la mise en place de l’agroforesterie dynamique a permis de lutter contre la sécheresse et d’assurer un revenu durable aux communautés. La préservation des services écosystémiques fournis par les écosystèmes aires protégées sécurise les revenus des communautés (ex : pêche continentale et maritime, agriculture en bassins-versants et dans les bas-fonds, eau potable, …).
Restaurer les forêts de Madagascar
Environ. 99 000 ha de forêts sont perdus tous les ans, essentiellement à cause du feu. Les aires protégées de Madagascar contribuent à renverser la tendance mondiale par le reboisement et la reforestation.
Dans l’aire protégée d’Agnalazaha, les communautés prennent soin pépinières, plantent et suivent la croissance des arbres. Voilà pourquoi les activités de restauration sont bien plus efficaces dans les aires protégées. En 2021 par exemple, 25 000 jeunes plants ont été produits.
Dans l’aire protégée Complexe Mangoky Ihotry-CMI, 40 ha de forêts ont été restaurées entre 2020 et 2021, à partir des financements de la FAPBM. Asity Madagascar a réussi à étendre la forêt sèche, dont la particularité est de tenir sans pluie sur une longue période. Leurs racines, denses et larges, assurent la rétention d’eau et préservent le sol de l’érosion.
21 ha de forêts ont été restaurées dans l’aire protégée Montagne des Français entre 2020 et 2021, grâce au soutien de la FAPBM. Y bénéficient les forêts galeries, en bordure des cours d’eau, indispensables dans la rétention du sol et la prévention de l’ensablement.
32 000 pieds ont été plantés dans l’aire protégée d’Oronjia depuis 2020, grâce à l’appui de la FAPBM, afin de protéger la forêt dense sèche et les mangroves, fragmentées à cause du charbonnage ou la coupe illicite.
Sur les 17 000 ha que couvre l’aire protégée de Beanka, la forêt dense sèche en domine la majorité. Depuis 2020, 80 800 plants (env. 33 ha) ont été mis en terre afin de reboiser et restaurer les zones défrichées.
Un appel à l’appui aux aires protégées
Suivant l’input donné par les gestionnaires experts sur le terrain, une liste indicative des aires protégées qui sont les plus exposées aux feux a été élaborée au niveau de la FAPBM en 2021. Celle-ci permettra d’anticiper les interventions et les moyens nécessaires à octroyer aux gestionnaires. L’appui de la FAPBM la mise en œuvre d’approches innovantes, et leur mise à l’échelle par le biais des plateformes d’échanges entre les gestionnaires des aires protégées. Pourtant, cet appui reste insuffisant à l’échelle des 123 aires protégées de Madagascar.
45 % des financements de la FAPBM pour les aires protégées (3,5 millions ha) étaient dédiés à la conservation et la restauration des écosystèmes en 2020, dont les résultats au sein des aires protégées sont plus probants. Les zones restaurées en 2021 ont atteint pratiquement 3 000 ha dans toutes les aires protégées financées avec un taux de réussite de 75 % entre le début et la fin de l’année 2021.
Investissons dans les aires protégées dans lesquelles les impacts et la durabilité sont plus efficace grâce au suivi réalisé par les gestionnaires et les communautés. Aidons les experts sur terrain à faire plus. Pour contribuer à protéger les forêts, rendez-vous sur le site ou écrivez-nous directement au mail@fabm.org .